La vie de Charles Milcendeau

C’est un artiste disparu, mais non-oublié, et dont l’œuvre, d’ailleurs, se chargera de perpétuer le nom

Gustave GEFFROY, membre fondateur de l’Académie Goncourt, 1923

Charles Milcendeau (1872-1919) est un des plus grands dessinateurs de la fin du XIXe siècle. Formé à l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris, il a côtoyé dans l’atelier de Gustave Moreau, Georges Rouault, Henri Matisse ou encore Albert Marquet avec lesquels il se liera d’amitié. Reconnu par les critiques d’art de son époque et exposé dans les plus prestigieux musées en France et à l’étranger, Charles Milcendeau étonne et se fait connaître grâce au réalisme de ses œuvres, les intérieurs de ces maraîchins qu’il affectionnait tant et les paysages nourris de ses multiples voyages (Bretagne, Corse, Pays-Bas, Espagne…).

Quelques dates clés dans la vie de Charles Milcendeau

18 juillet 1872

Naissance de Charles Milcendeau à Soullans. Son père est aubergiste et sa mère très souvent absente. On apprend par les dossiers notariés qu’elle a fini ses jours internée à l’hôpital psychiatrique Saint-Jacques de Nantes. La famille compte quatre enfants.

Dès l’enfance, Charles dessine sur les murs, dessins effacés par sa grand-mère Marie-Rose. Son grand-père crayonne à ses heures, son frère cadet, Léon, essaiera de l’imiter plus tard en réalisant des dessins animaliers – il exposera même au Salon de 1903. Charles fréquente l’école primaire publique à Challans.

1892

Le 23 janvier, Milcendeau est admis par Moreau comme élève libre à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts ; il y aura notamment pour condisciples Henri Evenepoel, Bussy, Matisse, Rouault, Martel, Piot, Marquet et un autre Vendéen, Arthur Guéniot dont la plupart entretiendront des relations étroites avec Milcendeau qui n’ont rien d’anecdotique, en particulier Georges Rouault qui viendra même à Soullans accomplir un séjour et Henri Evenepoel avec lequel les liens seront très forts. Le jeune artiste effectue un premier séjour en Bretagne.

1896

Milcendeau habite au 6, cité Talma à Paris. Il participe pour la première fois à l’exposition annuelle de la Société nationale des beaux-arts au Champ-de-Mars ; l’État lui achète un dessin intitulé Paysans vendéens. Il échoue au prix Chenavard mais obtient en juillet le deuxième prix d’atelier. Moreau, dès lors, l’autorise à passer cinq mois en Vendée pour travailler à ses « paysans ». C’est l’époque de la diversification des modèles : infirmes, mendiants, buveurs avec l’apparition des fonds. Georges Rouault rejoint son condisciple vendéen à Soullans pour y passer les vacances. Cette année-là, Milcendeau voyage également en Bretagne et en Belgique. Il participe au congrès de Niort de la Société nationale d’Ethnographie et d’Art populaire, où il obtient la médaille d’honneur (section Aquarelles, Pastels et Miniatures, Dessins).

1897

À la Société nationale des beaux-arts, Milcendeau présente vingt-six dessins ; il participe également au Salon de la Rose-Croix et à une exposition organisée aux Sables d’Olonne grâce au docteur Baudouin. En août et septembre, l’artiste accomplit un nouveau séjour en Bretagne. Pendant l’hiver, il séjourne en Belgique et en Hollande à l’invitation d’Evenepoel et découvre Bruges, Anvers, Rotterdam, Amsterdam et La Haye. Il reçoit des commandes de personnalités locales. Cette année-là, on note chez l’artiste l’apparition de la couleur dans ses œuvres bretonnes (dessins rehaussés de pastel).

1900

À l’Exposition universelle, Milcendeau obtient une médaille de bronze. Il expose à la Société moderne des beaux-arts, première exposition de cette société présidée par Henri Frantz présentée à la galerie Georges Petit. Il se rend encore à Bruges. Il exécute une série de dessins de son père alité qui connaît alors des problèmes de santé.

1901

Il découvre l’Espagne sous la conduite de Francisco Iturrino ; le voyage de janvier à mars le mène à Madrid, Tolède, Séville, Salamanque, puis dans la petite ville de Ledesma qui devient sa « seconde patrie ». En juin, il réalise un deuxième voyage en Espagne à Ledesma chez don Trilla. En novembre, il est à Séville.

1905

Suite au décès de son père, c’est en 1905 que Charles Milcendeau fait l’acquisition du Bois-Durand, borderie située à quelques kilomètres du bourg de Soullans, composée d’une maison d’habitation et d’un atelier (aujourd’hui disparu). Il pense le lieu comme un petit Barbizon, souhaitant y recevoir d’autres artistes. Pendant les travaux de sa maison, il séjourne au Bois du Breuil, dans la demeure de la famille d’Ayzac, avec qui il se liera d’amitiés.

1908

Si la pratique artistique de Charles Milcendeau évolue, la vie personnelle de l’artiste connaît également d’importants changements. L’amour, qui est absent de la vie du peintre, arrive en 1907 en la personne de Marguerite Bonnor. Originaire de Haute-Marne, ils se marient in extremis le 21 mars 1908 à la mairie du IXème arrondissement de Paris. En effet, des documents administratifs manquants empêchaient la tenue de l’union. Une intervention de Georges Clémenceau, président du Conseil et amateur d’art, débloque la situation. Il a notamment acquis quelques œuvres de son compatriote vendéen et le connaît depuis quelques temps. 

1914

Il participe à la Société nationale des beaux-arts. La galerie Druet lui consacre une nouvelle exposition, et c’est Arsène Alexandre, inspecteur général des beaux-arts, qui rédige la préface du catalogue. Il se réfugie en Vendée jusqu’à la fin de 1917. Les commandes se raréfient en raison des évènements, il n’y a plus de Salon annuel. En 1918, malade, il part au Pays basque à Cambo-les-Bains et Saint-Jean-Pied-de-Port pour tenter de se refaire une santé.

1er avril 1919

Epuisé, il décède au Bois-Durand à l’âge de 46 ans.

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